L’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), connue sous le nom d’Algérie Ferries, s’oriente vers l’utilisation de carburants plus respectueux de l’environnement. Toutefois, cette transition engendre des coûts d’exploitation élevés. À court terme, elle envisage d’installer un dispositif permettant de filtrer un carburant moins coûteux. À long terme, elle prévoit l’achat de navires écologiques.
« Toutes les compagnies maritimes de par le monde, notamment activant dans le bassin méditerranéen, sont exposées ou bien nous sommes à la veille de la mise en œuvre des dispositions de l’Organisation maritime internationale quant à la restriction des émissions des gaz à effet de serre et des gaz de soufre », a indiqué Mme Houria Kerkache Touimer, directrice du contrôle et de la gestion au sein de la compagnie maritime nationale, sur les ondes de la radio chaîne 3.
Et de préciser : « L’ENTMV, comme toutes les autres compagnies maritimes, elle a switché d’un type de carburant à un autre type de carburant. Il est plus écologique, donc les émissions de gaz et de soufre sont très réduites, mais toutefois la contrepartie est lourde en matière de prix. » « L’ENTMV a switché vers ce fuel, mais elle rencontre des charges d’exploitation très lourdes et ces charges, à un moment donné, les ressources de l’ENTMV ne pourront plus les supporter », a-t-elle relevé.
« Quand j’ai dit que l’entreprise est citoyenne, l’augmentation des tarifs des billets obéit vraiment à toute une trame. Nous ne pouvons pas pénaliser le voyageur », a-t-elle souligné, ajoutant que l’ENTMV « aspire à ce qu’une aide lui soit octroyée sous forme de crédit pour l’installation d’un dispositif qui filtre le fuel ou le carburant, qui est moins cher, au niveau du navire, pour qu’elle ne soit pas assujettie à la taxe carbone, à laquelle tout le monde est déjà assujetti, mais je parle aussi de la pénalité pour qu’elle ne le soit pas ». « Ça c’est à court terme », a-t-elle précisé, et de de faire savoir : « À long terme, l’ENTMV aspire pour l’acquisition de navires écologiques qui vont lui permettre de ne plus être sous le coup de la pénalité de l’émission. »
Mme Kerkache précise que ce sont des investissements à l’étude. « À court terme, c’est finalisé. La source de financement est déterminée. Nous attendons seulement le moyen, les conditions de crédit et tout. À long terme, pour les navires écologiques, c’est à l’étude, l’élaboration des cahiers de charges, et la demande bien sûr au pouvoir public, parce que ça sera sur ligne de crédit », a-t-elle expliqué.
Enfin, elle a souligné l’importance du soutien des pouvoirs publics : « Les pouvoirs publics, ils ont toujours répondu présent. L’ENTMV, aussi bien qu’elle s’implique indéfectiblement dans la politique des pouvoirs publics, les pouvoirs publics ne l’ont jamais lâché. L’Algérie ne l’a jamais lâché. Donc nous comptons effectivement pour les lourds investissements », a-t-elle dit.
Un programme de 320 traversées pour la saison estivale 2025
Par ailleurs, l’ENTMV a mis en place un programme de 320 traversées pour la saison estivale 2025. Ce programme concerne plusieurs ports algériens (Oran, Alger, Béjaïa, Skikda et Annaba) et relie les ports européens de Marseille, Sète et Alicante.
Mme Kerkache a expliqué que cette organisation repose sur une étude prenant en compte la demande, la disponibilité des navires, la présence d’autres opérateurs et les orientations des pouvoirs publics. Elle a précisé que « l’ENTMV est une entreprise citoyenne par excellence qui s’implique et qui applique de manière indéfectible et inconditionnelle la politique tracée par les pouvoirs publics ».
Pour cette saison, l’entreprise dispose de trois navires en propriété et d’un quatrième affrété (El Venizelos, ndlr). Ce dernier a a été retenu en juin au port de Marseille (France), mais il est de nouveau opérationnel. « Tout est rentré dans l’ordre », a assuré Mme Kerkache, précisant que les passagers affectés ont été pris en charge.
Sur le plan commercial, Mme Kerkache a expliqué que des offres promotionnelles sont proposées « à longueur d’année, sans condition de saisonnalité », avec des réductions allant jusqu’à 60 % pour les familles nombreuses. Actuellement, certaines traversées sont complètes, notamment celles de Marseille vers l’Algérie, mais des places sont encore disponibles à partir de la mi-août, notamment sur la ligne Alicante.
Environ 70 % des réservations se font en ligne, avec possibilité de paiement par carte bancaire. Le site de l’ENTMV permet également de soumettre des doléances, prises en charge par une équipe dédiée.
Concernant les prestations à bord, Mme Kerkache a indiqué que l’ENTMV a « entamé une batterie de mesures pour la formation et le recyclage du personnel hôtelier », notamment en collaboration avec de grandes écoles spécialisées. L’entreprise recourt également à des sociétés externes pour certaines prestations, comme le nettoyage, qui est assuré par « des entreprises dûment habilitées ».
L’entretien technique des navires est effectué en partie en Algérie, via le chantier ERENAV, et en partie à l’étranger, notamment pour les équipements technologiques. Elle a souligné que les travaux de maintenance sont soumis aux normes de l’Organisation maritime internationale (OMI).
L’ENTMV collabore avec les autres compagnies opérant en Algérie, qu’elles soient nationales ou étrangères. En cas d’imprévu, elle n’hésite pas à transporter des passagers d’autres compagnies. « L’ENTMV affiche tout de suite sa disponibilité », a souligné Mme Kerkache, citant un exemple récent où l’entreprise a mobilisé un de ses navires pour transporter des voyageurs initialement prévus sur un navire étranger (Méditerranée de la compagnie française Corsica Linea, retenu pendant deux jours au port d’Alger, ndlr).
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